Madame Bovary

Petite, Emma aimait les voiles des nonnes, les romans d'amours et rêvait de s'enfuir avec un grand et preux chevalier.
Emma Bovary, c'est toi sur Tinder qui cherche le prince charmant et qui ne tombe que sur des beaufs. Elle a un homme, certes médecin, mais cela ne suffit pas. Il ne l'adore pas, il l'aime juste. Il ne la couvre pas de bijoux, il suffit juste à ses besoins. Il ne pourrait pas décrocher la lune pour elle, mais il lui fait un enfant. Emma Bovary ne comprend pas pourquoi il faudrait "juste" se contenter de vivre. Elle veut "exister". Danser sous des lustres de diamants, quitter son village de petits gens et vivre dans la plus belle ville du monde, Paris. Ivre de ses rêves, Emma ment. Pour de l'argent, pour les hommes, pour un chemin, pour la moindre petite chose. Habillée dans des robes qu'elle ne peut pas se payer, elle concrétisera ses rêves dans le mensonge.
Emma Bovary, c'est aussi ta pote qui se plaint au moindre mal de tête. Elle geint, pleure, hurle à la lune comme une louve à laquelle on aurait arraché ses petits. Elle bascule d'un extrême à l'autre, qui la fait tour à tour devenir fervente catholique, amante, mère aimante ou encore criminelle juridique.
J'ai détesté Madame Bovary en tant que personne, mais j'ai adoré Flaubert en tant qu'auteur. Comme tous les classiques, c'est lent. Très lent. Mais pas trop lent. Il faut surpasser ce côté très factuel des multiples descriptions car les messages sont justes incroyables. Flaubert arrive à faire passer une banale forêt pour un nid d'amour ultra-kitsch, un lac pour le plus gros cliché des comédies romantiques. Et là est le plus important. Flaubert se fout ouvertement de la gueule des romantiques : Baudelaire et ses putains de fleurs ou encore Hugo et ses horribles lamentations.
Si vous aimez le foutage de gueule et le 1000e degré, foncez.
Année : 1857. Mouvement : réalisme. Pages : 478. Note 7/10
Article : Zoé