Ma nuit
Y'a des soirs comme ça, où tu n'aimes pas ta vie de mère.
Bébé fait ses nuits depuis une semaine. Ô comble du bonheur, ô cernes envolées, ô nerfs calmés. Je jubile, le raconte fièrement à chaque personne. Des fois je regrette ces nuits où tu finissais avec moi. Alors non, je ne regrettais pas tes mains gelées contre mon cou, me payant un allé simple pour le pôle nord. Je ne regrettais pas les montées de lait après une nuit où tu te transformait en sérial téteur. Mais je regrettais ton sourire au réveil.
Mais ce soir ? Non. Bébé s'endort à 20h, comme une fleur. Je ne me fais pas de soucis, je sais qu'elle va dormir.
2h, tu hurles. Je me lève difficilement, avec l'impression d'avoir 3 grammes dans le sang. Dans ta chambre, ton grand-père, rentrant d'une soirée, essaie de te calmer. Je suis complètement à la ramasse, mais toi, tu es vraiment pas contente. Je te prends avec moi, et te scotch au sein, espérant que le peu de lait que j'ai te calme. Je m'endors avec un être de 69 cm pendue à ma poitrine et accrochée à ses griffes acérés.
4h, tu hurles. Et ce, jusqu'à 5h30. Je tente une nouvelle fois l'allaitement, ça ne marche pas. Tu oscilles alors entre oiseau chanteur et vélociraptor. Je tente tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu te calmes. Je te torture en voulant te moucher, tu hurles deux fois plus. Au bout d'un moment je souffle. Soit je te lance par la fenêtre dans la neige, soit je fais semblant de dormir en espérant que tu fasses pareil. CA NE MARCHE PAS !
Bon. Bébé sous le bras, je descends te faire un biberon. Je te sors de ton sac de couchage, tu es trempe. Pas comme un pipi qui a fuité. Plutôt comme un tsunami dans ton dos. Je te change avec ce que j'ai sous la main, un body presque propre et des collants qui tiennent bientôt tout seuls
Le biberon est trop chaud. Je prends dans ma chambre un bac d'eau froide. Mon con de chat se glisse entre mes pieds quand je monte les escaliers, et renverse la moitié du bac. Je pense à mon frère demain qui râle en mettant les pieds dedans. Je te couche et tu ne perds pas tes mauvaises habitudes, tu pleures.
Je nettoie cette eau.
Je te donne le biberon.
Tu dors.
écrit par Zoé